• Article 1 : Le figaro

       QUI ?

    On ne nous donne pas de précision sur l’auteur de cet article sur le site Internet du Figaro.

       DIT QUOI ?

    L’auteur décrit la victoire inattendue du groupe Finlandais Lordi à l’Eurovision en 2006 à Athènes.

    Il fait également brièvement allusion à la politique en fin du paragraphe avec le vote de l’indépendance du Monténégro à <st1:personname productid="la Serbie." w:st="on">la Serbie.</st1:personname>

       PAR QUELS MOYENS ?

    Le texte est court et bref.

    L’article débute par une citation du leader du groupe finlandais.

    Insertion d’une partie de la chanson « Hard Rock Hallelujah ! » traduite en français[1].

    Le terme « satanisme » a été mis en gras pour que ce soit une des premières choses que l’on voit en parcourant des yeux l’article. Mais à aucun moment l’auteur ne qualifie le groupe de sataniste. Il ne fait qu’allusion à une rumeur qui avait heurté de petits groupes conservateurs grecs.

    L’article n’est pas objectif.

       A QUI ?

    Le public est principalement adulte, de droite, lecteur du journal le Figaro qui souhaiteraient avoir quelques informations sur la victoire de Lordi à l’Eurovision.

       EFFETS ?

    Connaître le vainqueur de l’Eurovision, et ne pas considérer le groupe comme étant sataniste.

       OÙ ?

    Site Internet du Figaro[2].

       QUAND ?

    Le site ne nous donne qu’une date : 15/10/07. Mais ce n’est pas la date de parution de l’article. L’article a dû être rédigé en mai 2006, suite à la victoire du groupe.

    Article 2 : Marianne

       QUi ?

    Joseph Macé-Scaron, journaliste de la revue Marianne.

       DIT QUOI ?

    Description dans une première partie de la candidate française et de sa chansonnette ainsi que du concours de l’Eurovision.

    Allusion politique.

    Absence d’objectivité.

    Le journaliste critique à la fois :

       Le manque d’ouverture des deux présentateurs.

       La candidate française : l’auteur prend parti pour le groupe finlandais. Raconte l’échec de Virginie Pouchain, l’arrivée de Lordi et les réactions qu’ils ont suscitées à leur arrivée par les deux présentateurs.

       Le manque de remise en question et d’ouverture de la France qui ne veut pas innover. Il annonce que la France est butée et qu’elle se contente de chanter des bluettes. France est ringarde.

    Suspens : l’auteur n’annonce pas d’emblée le groupe vainqueur de l’Eurovision dans les premières lignes de l’article : ce n’est pas le plus important pour lui, ce n’est que secondaire. L’article ne s’attarde pas sur Lordi, il utilise la victoire du groupe pour critiquer le manque d’ouverture de la France.

       PAR QUELS MOYENS?

    Photographie de Lordi au dessus du titre qui s’étale sur deux pages, avec une mini photo de la candidate tricolore.

    Titre en bleu et en noir.

    Titre mis en avant et donne envie de lire l’article. Il annonce dès le début que l’article sera écrit du point de vue de l’auteur.

    La seule citation mise en avant a un aspect politique.

       A QUI ?

    Lecteur de Marianne, principalement un public adulte et mature.

       EFFETS ?

    Connaître le vainqueur de l’Eurovision. Il y a une possible tentative d’influence de l’auteur sur son lectorat. Possible remise en question du lecteur sceptique, concernant la victoire de Lordi, à la suite de la lecture de l’article.

       OÙ ?

    Rubrique « France » de la revue Marianne.

    Les deux pages de la revue ont été scannées et mises en ligne[3].

       QUAND ?

    Du 27 mai au 2 juin 2006

    Article 3 : Voici

       QUI ?

    Henry Dumatray journaliste du magazine Voici.

       DIT QUOI ?

    Première partie : Mini interview : trois questions posées au rédacteur en chef Renaud Doucet de la revue Hard N’Heavy.

    Seconde partie : Résume brièvement l’Eurovision

    Allusion aux deux présentateurs (Drucker et Siar) qui ont critiqué les finlandais lors de leur prestation.

       PAR QUELS MOYENS ?

    Photographies tout autour de l’article.

    Citations misent en avant.

    Un titre accrocheur, avec le jeu de mot « hard ».

    Un encadré réservé aux deux présentateurs en bas de page.

    Interview de R. Doucet sur la page gauche en une colonne.

    Présentation Eurovision sur la page de droite en trois colonnes.

    Absence d’objectivité.

    L’auteur prend parti pour le groupe finlandais « laminer […] Alleluia », et critique la candidate tricolore.

    De la part d’un magazine comme Voici, l’article est plutôt réussi (grâce à l’interview du rédacteur en chef du magazine Hard N’Heavy), même si on retrouve les commentaires propres aux journaux à potins dans les commentaires des photos.

       A QUI ?

    Public de tout âge, jeune ou adulte, intéressé par les potins et qui tombent sur cet article par hasard (très improbable que le magazine soit acheté pour cet article en particulier). Public ne connaît pas Lordi.

       EFFETS ?

    Connaître le vainqueur de l’Eurovision et en apprendre un peu plus sur le groupe. Possible tentative d’influence de l’auteur sur ses lecteurs, en dévalorisant la candidate tricolore au profit de Lordi.

       OÙ ?

    Dans le magazine Voici.

    Les deux pages du magazine ont été scannées et mises en ligne[4].

       QUAND ?

    Pas de précision sur le scan. Mais en 2006.

    Commentaire

    En ayant recours au modèle de Lasswell, je me suis rendu compte, que quelque soit le magazine, de droite, de gauche ou encore de vulgarisation, le journaliste a beaucoup de mal à rester objectif et neutre ; ce qui est d’autant plus difficile, que le sujet porte sur la victoire d’un groupe de heavy metal finlandais, qui a, je cite Voici, « laminé la candidate tricolore ». Ce groupe étant déguisé en monstres de film d’horreur et ayant recours à un chant non-conformiste ravive les polémiques.

    Le premier article, « Eurovision : les Finlandais de Lordi, nouveaux « monstres » de la chanson » est extrait du journal Le Figaro. Le journaliste décrit la victoire de Lordi en première partie, en incluant une citation du leader du groupe finlandais en début de l’article qui déclare que leur victoire est également la victoire de l’ouverture d’esprit. L’article est informatif, très précis, c’est le seul des trois articles qui donne le nombre de point totalisé par le groupe (292). Mais l’auteur fait référence au satanisme[5], or ce groupe, même s’il utilise l’imagerie satanique à la fois lors de leur prestation et dans leurs chansons, n’adhére en aucun cas aux thèses satanistes. Lors de l’interprétation M. Lordi[6] portait des ailes, qui se sont déployées au niveau du premier refrain. Il faut distinguer sataniste et satanique[7]. Le journaliste fait également allusion à la fin de l’article, à l’aspect politique de l’Eurovision.

    Dans le second article de Marianne, intitulé « La France outragée, la France humiliée … mais  c’était, hélas, mérité », Joseph Macé Scaron décrit de manière très subjective la victoire de Lordi, en n’hésitant pas à critiquer la chanteuse française, d’où le titre accrocheur. Il décrit de manière assez complète la soirée de l’Eurovision, explique la défaite de la chanteuse française et dénonce par la même occasion le peu d’ouverture qu’à la France, à toujours vouloir choisir des chansons banales et non originales. Encore une fois, la politique est de rigueur dans l’article, mais elle est plus présente dans cet article que dans le précédent. Mais, même si on émet l’hypothèse que les finlandais aient gagné (avec 292 points tout de même) et que ce ne soient que des choix politiques (qui, il est vrai, pourrait être pour certaines personnes, la meilleur solution), il n’empêche que la France n’a récolté, elle que quatre misérables points : deux pays ont soutenus la France : l’Arménie et Monaco … Alors d’un point de vue politique, la France n’est pas très haut perché … Ainsi, il est facile de dire que ce ne peut être que la seule solution, non, il faut voir en réalité une ouverture d’esprit. Les personnes veulent connaître d’autres choses, autres que les « niaiseries » habituelles de l’Eurovision. Les français ne « sont plus dans le coup[8] ».

    Dans le troisième article, « Pour la France, c’est un peu hard » provenant du magazine Voici, le journaliste ne fait lui non plus preuve d’objectivité. Ce qui fait la « valeur » de l’article, est la petite interview d’une personne spécialisée, ici Renaud Doucet, le rédacteur en chef du magazine Hard N’heavy, qui rend l’article plus intéressant et moins « potin ». Encore ici, Virginie Pouchain et sa chansonnette sont critiquées de manières assez virulentes. On retrouve rapidement la « mentalité » Voici dans les commentaires. Dans la seconde partie, le journaliste décrit l’Eurovision, en décrivant très brièvement la victoire de Lordi mais en insistant plus sur la défaite de Virginie Pouchain et des deux présentateurs de l’événement : M. Drucker et C. Sion, qui ont montré leur manque d’ouverture. Voici à même inclut un petit encadré en fin d’article consacré aux animateurs « qui ont « allumés » Lordi ». C’est un des articles qui insiste le plus sur cet aspect.  

    Pour conclure, on remarque que les trois articles ne font pas preuves d’objectivité. Ils critiquent tous la chanteuse tricolore en mettant légèrement Lordi en avant. Tous les articles sont unanimes : Lordi a mérité sa victoire. Ils mettent également en avant l’intolérance des deux animateurs qui ont insulté à la fois le public et les artistes lors de leurs prestations[9]. Même si Lordi est critiqué, il n’empêche qu’il a tout de même carrément « laminé » la France. Les présentateurs ont tout de même été obligés d’accepter que la Française n’a pas fait le poids face au groupe finlandais. Chaque article dénonce la ringardise de la France. Il y a dans chaque article des allusions à la politique[10].



    [1] Cf en pages annexes « autres documents », les paroles et la traduction globale de la chanson « Hard Rock Hallelujah ! ».

    [2] http://www.lefigaro.fr/culture/20060521.WWW000000004_les_finlandais_de_lordi_nouveaux_montres_de_la_chanson.html. Site consulté le 9 octobre 2008.

    [3] http://img515.imageshack.us/my.php?image=marianne10qu.jpg et http://img515.imageshack.us/my.php?image=marianne24nw.jpg.

    [4] http://i55.photobucket.com/albums/g132/blackangel970/VoiciLordi2.jpg et http://i55.photobucket.com/albums/g132/blackangel970/VoiciLordi.jpg. Site consulté le 9 octobre 2008.

    [5] La participation du groupe avait suscité l’indignation d’association orthodoxes en Grèce ainsi qu’une lettre signée « Hellenes » qui avait été envoyé aux autorités finlandaises, qui étaient réservés sur la représentativité du groupe Lordi. Des mouvements religieux finlandais s’étaient indignés en affirmant que le groupe « incitait à l’adoration satanique » (New York Time) :
    Cf en pages annexes « article » : « Europe : les « démons » de Lordi remportent le concours européen de la chanson, où allons nous ? » de Nicolas paru sur le site Internet Voxdei.org le 22 mai 2006.

    [6] Leader et chanteur du groupe Lordi.

    [7] Satanique est un adjectif qui se rapporte au style de "folklore" qu'exploite le groupe Lordi. Le folklore qu'ils utilisent est satanique, ils utilisent diable, démons, enfer, flammes etc. Le satanisme est une religion créée en Californie par Anton LaVey. Cela n'a rien à voir avec Lordi. http://www.bethel-fr.com/afficher_info.php?id=17342.1
    Cf en pages annexes « article » : « L’ « aristocratie » des « vrais » satanistes prend ses distances avec les profanateurs de tombes » de Stéphanie Le Bars et Elise Vincent paru dans Le Monde le 5 juin 2008.

    [8] Réaction de M. Drucker lors de la victoire de Lordi.

    [9] Cf en page annexe « articles » : « Eurovision d’horreur pour Michel Drucker ! » paru sur le site Internet agoravox.fr.

    [10] Cf en page annexe « articles » : « L’Eurovision 2006 bat des records d’audience et d’horreur … », de Sébastien Dias paru sur le site Internet Toutelatele.com le 22 mai 2006.


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  •  QUI PARLE ?

    C’est l’analyse de la régulation des facteurs et de l’émetteur qui engendrent et dirigent la communication.

    POUR DIRE QUOI ?

    C’est l’analyse du contenu des messages, de leur forme et de ce qui les sous-tend.

    PAR QUELS MOYENS ?

    C’est l’analyse des médias, du support médiatique du message ainsi que le processus de ce même message.

    A QUI ?

    C’est l’analyse de l’audience, du public touché par les médias (le lecteur, le spectateur, l’auditeur …).

    QUELS RESULTATS ?

    C’est l’analyse des effets, de l’impacte des messages sur les récepteurs.

    OÙ ?

    Où se trouve le texte ?

    QUAND ?

    Date à laquelle il a été publié.


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  • Les trois articles choisis concernent le groupe finlandais Lordi[1], vainqueur de l’Eurovision 2006.

    J’ai décidé de prendre des articles concernant Lordi, car, même si ce groupe n’est pas très crédible dans le monde du metal (suite au concours et à son aspect très commercial), il a ravivé une polémique[2] concernant le satanisme et les autres préjugés habituels ; et que suite à la sur médiatisation de leur victoire au concours, nombreuses sont les personnes qui en ont déjà entendu parlé ; et également car leur victoire a contribué à rehausser l’image du heavy metal dans la culture populaire en Europe. De plus les deux présentateurs, C. Siar et M. Drucker, ont fait preuve d’une intolérance exceptionnelle vis-à-vis de ce groupe lors de leur prestation[3].

    Les trois articles proviennent de deux journaux de bord politique différent : Le Figaro et Marianne, et d’un magazine « people » : Voici. J’ai choisi Voici car j’ai trouvé l’article plutôt réussi, bien que provenant de ce magazine, de par l’interview d’une personne spécialisé : le rédacteur en chef de la revue Hard N’Heavy, qui rend l’article plus « sérieux » et moins potin. Ces trois articles sont disponibles en ligne.

     

    Lordi

     


    [1] Cf en pages annexes « autres documents » la biographie du groupe Lordi.

    [2] Cf en pages annexes « autres documents » la lettre d’un site conservateur rédigée suite à de nombreuses réclamations faites par des personnes qui soutenaient Lordi concernant un article paru sur leur site, et la lettre rédigé par France Télévision suite à des mails de fans reçus face aux commentaires des deux présentateurs Michel Drucker et Claude Siar.

    [3] Cf en pages annexes « autres documents » quelques « commentaires » prononcées lors de la prestation de Lordi à l’Eurovision par les deux présentateurs.

    Cf en pages annexes « articles » : « Drucker malade du Heavy Metal » de Daniel Schneidermann paru dans Libération le 26 mai 2006.


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  • Article 1 : Le Figaro


    « Eurovision : les Finlandais de Lordi, nouveaux «monstres» de la chanson »

     «Un groupe de rock déguisé en monstres remporte l'Eurovision. C'est la victoire du rock et de l'ouverture d'esprit. C'est aussi la preuve qu'il n'y a pas que la pop et les ballades», a déclaré au cours d'une conférence de presse le chanteur et leader de «Mr Lordi». C’est donc son groupe de heavy-metal, les Finlandais de Lordi qui a remporté la grande messe télévisuelle qu’est l’Eurovision dans la nuit de samedi à dimanche. Ils l'ont emporté sur les artistes de 23 autres pays réunis dans un stade de 18.500 places en banlieue nord d'Athènes. La Française Virginie Pouchin, une quasi-inconnue, figure en revanche dans les profondeurs du classement avec seulement 4 points pour sa chanson «Il était temps», écrite par le chanteur Corneille. Les monstres, eux, ont totalisé 292 points. Grimés en créatures de film d'épouvante, avec cornes, dents acérées et griffes au bout des doigts, vêtus d'armures ou de bandage, les cinq membres du groupe ont donné sur scène une prestation grand-guignol servie par une débauche d'effets pyrotechniques. «Des ailes dans mon dos/Des cornes sur ma tête/Mes crochets sont acérés/Et mes yeux sont rouges (...) Maintenant choisis de nous rejoindre/Ou vas tout droit en enfer», proclame leur titre «Hard rock alléluia». Satanisme Leur présence à l'Eurovision avait heurté des petits groupes conservateurs grecs qui avaient réclamé leur retrait de la compétition au motif qu'ils «cultivent et justifient le satanisme et sapent les fondements de la culture européenne et grecque». En vain. Les membres de Lordi viennent de la minorité lapone de Finlande. Leur chanteur au sens de l'autodérision affirmé, avait déclaré avant la compétition: «Nous sommes à l'Eurovision un peu comme des mangeurs de viande dans un café végétarien». C'est la première fois que la Finlande remporte cette compétition, suivie par des dizaines de millions de fans en Europe. Elle gagne ainsi le droit de l'organiser l'année prochaine. Comme toujours à l'Eurovision, la politique s'est également invitée au concours : la Serbie-Monténégro, qui devait participer à la compétition, n'a finalement pas envoyé de candidat, les deux entités serbe et monténégrine n'ayant pu s'accorder sur sa nationalité. Le Monténégro votera dimanche pour savoir s'il devient indépendant ou reste dans une union avec la Serbie.

    15/10/2007 | Mise à jour : 19 : 45 |

     

    Article 2 : Marianne


    LA FRANCE OUTRAGEE, LA FRANCE HUMILEE … MAIS C’ETAIT, HELAS, MERITE !

     

    Une belle baffe comme Obélix les aime. Sauf que, cette fois, c’est Astérix qui l’a reçu en pleine poire. Enfin, quand on dit Astérix … Une seule certitude, les Français se souviendront longtemps de la finale 2006 de l’Eurovision où la « chanteuse » qui portait leurs couleurs à fini 22e sur 24.

    Tout avait pourtant commencé comme un joli conte de fée : l’irrésistible ascension de la blonde Virginie Pouchain, chargée de representer la France et choisie par des milliers de téléspectateurs et un « jury d’artistes de talent », dixit France 3. La chanson est signée Corneille (la mode, ces temps-ci, est davantage aux corbeaux mais la mode est volatile). La « jolie ballade » devrait être particulièrement aboutie, puisque l’impéttant à dû revoir sa copie.

      Arrive le soir tant attendu. L’événement est retransmis en direct d’Athènes. Les commentaires sont assurés par Michel Drucker et Claude Siar, qui donneront très vite le ton de leur prestation : « Sur le service public, on aime la culture, d’ailleurs, ce matin, nous avons visité l’Acropole ». On sait bien qu’il faut donner des gages de bons élèves à la nouvelle direction de France 2-France 3 mais, enfin, de là à confondre l’Eurovision avec l’émission « Des racines et des ailes » …

      Vingt et une heure, le moment tant attendu. Trop attendu, hélas. La blanche colombe fait un couac. Virginie Pouchain – est-ce l’émotion ? – chante faux et, qui plus est, un texte d’une niaiserie rare sur une musique d’aérogare. Qu’importe : dans une envolée lyrique digne des plus belles années de l’ORTE, nos deux compères lui tressent des lauriers. Siar se surprend même à rêver que l’interprète – le terme « chanteuse » paraît, en l’espèce, vraiment trop emphatique – finisse dans les cinq premières « pour clouer le bec aux détracteurs de Corneille et de Pascal Sevran ». Ce dernier n’en demandait pas tant.

      L’épreuve – au sens littéral du terme – terminée, les groupes représentant les autres nations se suivent et souvent se ressemblent. Nos deux acolytes croient relever le côté Shakira d’Une telle ou Beyoncé de telle autre – toujours cette manie de la comparaison et de l’uniformisation : ils fustigent la volonté d’innovation, jugée présomptueuse, des Lituaniens de LT United, au look proche de Madness et qui scandent d’une manière désinvolte : « We are the Winners … Of The Eurovision ». Du second degrès pas évident pour tout le monde, mais plutôt efficace, puisque le groupe arrivera 6e !

      Mais ils n’ont encore rien vu : le groupe finlandais de light-metal Lordi fait son entrée en scène avec sa chanson Hard Rock Alleluia. Grimés en monstres de film d’horreur, les cinq membres du groupe chantent – juste, eux – sur une débauche d’effets pyrotechniques, assumant sans honte leur côté grand guignol, entre Kiss et les créatures de Tolkien. Moins Marylin Manson que Rocky Horror Picture Show …

      Michel Drucker et son acolyte sont atterrés. Propulsés d’un coup dans le fauteuil des deux petits vieux du « Muppet Show » et soucieux de caresser dans le sens du poil le téléspectateur-cible de la chaîne, ils tranchent, avec la tranquille assurance d’un Alain Duhamel parlant de Ségolène Royal : « La Finlande n’a jamais gagné l’Eurovision. Eh bien, c’est pas avec ça qu’elle va gagner ! ».

      Las. La majorité des téléspectateurs de l’Eurovision donnent le maximum de points au groupe finlandais, après quoi la géopolitique reprend le dessus. Chypre vote pour la Grèce et la Grèce pour Chypre. La Moldavie écartelée se partage entre la Russie et la Roumanie. La Pologne, entre l’Ukraine et la Russie : on n’est jamais trop prudent. Les pays baltes élisent les autres Pays Baltes et les pays de l’Europe du Nord plébiscitent la Scandinavie. C’est curieux. Plus l’Europe des fédéralistes avance, plus elle ressemble au Saint-Empire romain germanique. Vivement l’indépendance de la Voïvodine pour que le Monténégro nouveau lui accorde ses suffrages. De quoi conforter, en tout cas, Alain Finkierlkraut dans son amours des petites nations. A quand la Bordurie votant pour la Sylvadie et la Sylvadie soutenant la Bordurie ?

      Et la France, direz-vous ? En gardant à l’esprit la médiocrité de la prestation et la nullité des commentaires, on se surprend à espérer un zéro pointé pour notre représentante. Nous n’aurons même pas cette satisfaction puisque l’Arménie (en reconnaissance de la proposition de loi – rétorquée – sur le génocide ?) et … Monaco voleront à notre secours. Au passage on notera la « trahison » d’Andorre – le pays sanctionne-t-il, ici aussi, l’inaction de son coprince ? – qui donnera son quota de point à l’Espagne.

      Résignés face à la victoire – tout de même un peu trop inéluctable – des Finlandais, avec 292 points, nos commentateurs n’en mènent pas large. Drucker conclura ce samedi noir (vivement dimanche !) de manière imparable, frappé d’un éclair de clairvoyance : « je crois que nous ne sommes probablement plus dans le coup ! ».

    Habitude, lassitude

    Plus dans le coup, en effet, si tous ceux qui ont présidé à cette Berezina poursuivent leur mot d’ordre : ne surtout pas se remettre en question. Continuer chaque année à envoyer la même chanteuse, la même ballade lénifiante badigeonnée à la sauce variété internationale. Pas de rap, pas de slam, pas de R’nB, pas de rock, surtout pas de musique polyphonique, pour ne pas réveiller la France qui dort, pas de ces musiques de sauvages. Pas d’humour non plus, pas de texte qui ne se regarde pas le nombril. On n’est pas là pour conquérir 150 millions de téléspectateurs mais pour … Oui pour quoi au fait ? On ne sait même plus. Un peu par habitude, beaucoup par lassitude, surtout pour ne pas désespérer les 5 millions et demi de téléspectateurs français fidèles à ce rendez vous et les parts de marché qui vont avec. Eh bien, cette fois, c’est raté.

      Les initiateurs de ce splendide fiasco ne s’y serait pas pris autrement que, décidément, la France est ringarde, frileuse et grincheuse. Une bien mauvaise action. Mais peut-être est-ce, après tout, sincèrement l’image qu’une partie de nos élites se font du goût populaire. Pourquoi voudrions-nous quelque chose d’imprévisible, d’original, de hors du commun, de nouveau ? Faut-il leur rappeler que l’on peut être authentique sans se caricaturer soi-même ? Et que l’on ne vienne pas nous dire que cette nouveauté-là ne se trouve que dans les standards uniformisés, prémâchés, prédigérés par les grandes majors de l’industrie du disque. Lorsque Jeunet revisite, caméra au poing, un Paris à la Georges Perec, n’est-il pas plus innovant que toutes les daubes françaises de la vieille vague complaisamment présentées à Cannes ? Eh oui, le monde d’Amélie Poulain n’est pas de l’univers de Virginie Pouchain. Voilà pourquoi la cuisante leçon de l’Eurovision n’est pas anecdotique. L’image franchouillarde, fadasse et pleurnicharde que nous avons montrée à cette occasion est aussi à l’œuvre dans la francophonie et, plus largement, dans la manière dont nous présentons la culture française du monde. 


    Article 3 : Voici


    POUR LA FRANCE C’EST UN PEU HARD

    Pourvu qu’il n’ait pas entendu les critiques de Michel Drucker à son égard. Ça le ferait fondre en larmes. Et son armure serait toute rouillée …

    Soudain Virginie Pouchain a un doute ? Et si le public n’accrochait pas ? Elle aurait dû suivre son instinct : ce décolleté était beaucoup trop osé ![1]

    BONJOUR LES BARBARES

    Renaud Doucet, rédacteur en chef du magazine Hard n’Heavy, nous présente Lordi, le vainqueur de l’Eurovision 2006.

    Voici – Dites-nous en plus sur Lordi

    R.D. – Ce groupe, fondé en 1982, est influencé par Kiss (le chanteur Lordi est président du fan-club finlandais de Kiss). Tomi Putaaneuu (son vrai nom), 32 ans, était responsable d’effets spéciaux pour le cinéma et s’occupe des costumes et du maquillage. Musicalement, Lordi joue du hard rock assez classique …

    Voici – Ce groupe de hard rock est-il crédible dans le milieu du metal ?

    R.D. – Plutôt controversé. Certains adorent, d’autres dénigrent le côté commercial et grand guignol.

    Voici - Qu’avez-vous pensé de leur victoire à l’Eurovision ?

    R.D. – Que le heavy metal soit à l’honneur est extraordinaire : c’est la victoire de l’ouverture d’esprit. Soulignons que Lordi n’est ni sataniste ni extrémiste.

     

    Lorsque Lordi est monté sur scène, les présentateurs français ont bien ricané. Quelques minutes plus tard, ils pleuraient. Mais plus de rire …

    Les participants, officiels et journalistes, présent samedi 20 mai à Athènes, n’en croient pas leurs yeux et surtout leurs oreilles.Porté par les suffrages du public, Lordi, un groupe de hard rock finlandais caricatural dont les musiciens sont déguisés en barbares, enlève haut la main l’édition 2006 du concours Eurovision de la chanson. Oubliée dans un coin, Virginie Pouchain la représentante française, compte sur les doigts d’une seule main le total des points qu’elle vient de récolter. Cinq ! Elle avait pourtant tout bien fait comme il faut. Sa chanson, Il était temps, une bluette composée sur mesure par Corneille, possédait tous les atouts pour séduire les habitués de l’événement : des paroles d’une niaiserie abyssale et des arrangements à faire pleurer une momie desséchée. En direct sur France 3, Michel Drucker et Claudy Siar, son comparse d’ un soir en pleureraient de rage (voir encadré). Sauf que depuis 1977 et la victoire de Marie Myriam avec l’Oiseau et l’Enfant, le monde a un peu changé et les chansons typiques de l’Eurovision, pompeuses, convenues et gentillettes, ne font plus recette. L’industrie du disque, engoncée dans des stéréotypes barbants, vient de prendre une claque monumentale. En public et par le public. Car pendant que les deux animateurs de France 3 dépassés par les événements (ou dépassés tout court ?) raillaient le groupe, les téléspectateurs français votaient et donnaient 8 points aux Finlandais ! Venu pour délirer et sans y croire, Lordi repart avec une victoire et l’impression d’avoir donné un bon coup de pied au train d’une institution obsolète. Hard rock, Alelujah! c’est le titre de leur chanson. Une belle devise …

    Les animateurs ont « allumé » Lordi

    « Eloignez les enfants du poste, ils vont faire des cauchemars ». C’est ainsi, que Michel Drucker, présentateur de la soirée sur France 3, accueille l’entrée en scène de Lordi. Claudy Siar (animateur radio sur RF1) qui l’accompagne prophétise juste après la prestation : « Ce n’est pas cette fois que la Finlande gagnera ». Sous le choc au moment des résultats, les compères ne rendent pas les armes : « Je vais faire écouter ça à ma chienne, elle va devenir dingue » déclare Drucker. « On ne soit plus être dans le coup » conclut-il. Siar ajoute « Prenons notre retraite, exilons nous ». Chiche ?



    [1] Commentaires des photographies illustrant le document.


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  •    Méthode de Lasswell

    La méthode de Lasswell nous permettra de mettre en relation trois articles, venant de revues différentes, en insistant sur les informations présentes qui s’y trouve.

       Méthode de Jakobson

    La méthode de Jakobson nous permettra de montrer que les journalistes qui traitent d’un sujet aussi controversé que le heavy metal, ont beaucoup de difficulté à rester neutre.

       Constellations d’attributs de Moles

    La constellation d’attributs d’Abraham Moles nous permettra de confronter l’idée que les spécialistes et les non-spécialistes se font du metal.

       Différentiels sémantiques d’Osgood

    Les différentiels sémantiques nous permettront de confronter la valeur connotative du sujet chez les spécialistes et les non-spécialistes par le biais d’un tableau composé d’adjectifs opposés.


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