• Principe de la constellation d’attributs

    On cherche à connaître ce qu’évoque un stimulus donné, ici le metal, dans l’esprit des gens. Pour cela, il faut constituer un échantillon représentatif, en choisissant des personnes aux profils variés, les métalleux et les non métalleux. On leur demande de donner tous les termes, expressions qui leur viennent à l’esprit, sans réfléchir. Ensuite, on classe tous les termes obtenus, selon le nombre de fois où ils ont été donnés. Puis, on les porte sur un diagramme autour du mot inducteur, le nom du concept associé, les termes ayant été les plus données se retrouvent les plus proches du stimulus. On obtient ainsi une figure illustrant les fréquences d’association. La constellation nous permettra de connaître les termes qui viennent le plus souvent à l’évocation du stimulus dans l’esprit des personnes.

    Présentation de la méthode d’A. Moles

    La constellation d’attribut d’Abraham Moles est une technique de représentation graphique des associations mentales spontanées ou contraintes faites par un individu autour d’un stimulus inducteur.

    Constellations par domaines

    Les constellations sont aux nombres de dix. J’ai décidé de faire des constellations d’attributs par domaine. On retrouve donc les deux constellations public général et public spécialisé, ainsi que quatre autres plus spécifiques par domaines. Tous les termes que les personnes interrogées m’ont donné peuvent être classé en quatre parties : les concerts / festivités, la musique en elle-même, les groupes et l’état d’esprit des métalleux. C’est donc plus simple de comparer et d’analyser les différences entre le public général et le public spécialisé. J’ai également fait une constellation d’attribut plus spécifique aux groupes de metal, puisque peu de groupes étaient cités à l’énoncé du stimulus.


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  • Il est maintenant intéressant de représenter les résultats de l’analyse de Jakobson sous la forme d’un tableau avec l’utilisation de cercles qui montre la fréquence d’apparition de chacune des fonctions du langage dans l’ensemble des trois articles étudiés.

     

    D’après le tableau établit suite à l’application de la méthode de Jakobson sur les trois textes, nous remarquons que la fonction référentielle est très présente dans Le Figaro (67,70 %), moyennement présente dans Voici (44,09%) et très peu présente dans Marianne (9,10%). Nous sommes en présence de trois cas de figure totalement différents. On peut ainsi en déduire le genre des trois articles.

    « Eurovision : les Finlandais de Lordi, nouveaux « monstres » de la chanson » est un  texte informatif, assez neutre (seule 18,75% des termes relèvent de la fonction expressive, ce qui représente environ 72 mots sur 384). L’article du Figaro nous donne des renseignements globalement neutres, mais extrêmement précis, comme par exemple quelques détails concernant le règlement de l’Eurovision : le groupe vainqueur gagne le droit d’organiser le concours l’année suivante dans son pays, le nombre de pays participant, le stade qui peut accueillir 18 500 places, choses que ne font pas les deux autres articles, ce qui renforce le côté informatif du contenu. La fonction conative tout comme la fonction métalinguistique n’est pas présente dans cet article. La fonction phatique représente 3,38% du texte. Elle touche essentiellement le titre de l’article, et l’injonction « Satanisme », qui est utilisée comme étant une phrase à lui toute seule. Le journaliste aurait tout aussi bien pu hiérarchiser son texte en lui donnant le rôle de sous-titre. Quant à la fonction poétique elle représente 12,5% du texte. Elle est essentiellement présente dans certains jeux de mots (« messe télévisuelle »), et dans l’association de certains mots, qui provoque un caractère original à la phrase, comme par exemple la citation de Mr Lordi en fin de paragraphe. La traduction de quelques vers de la chanson « Hard Rock Hallelujah » du groupe relève également de cette fonction.

    L’article « La France outragée, la France humiliée … mais c’était, hélas, mérité ! » provenant de Marianne est un texte argumentatif, c’est un réquisitoire qui vise à accuser quelqu’un : ici, la France et son manque d’ouverture. En effet, contrairement à l’article du Figaro, on remarque que la fonction expressive est importante (69,24%), alors que la fonction référentielle est très peu présente (seulement 9,10 %). En parcourant l’article nous comprenons que le but de l’auteur n’est pas de nous raconter l’Eurovision, comme le ferait n’importe quel article, mais de nous faire prendre conscience de quelques réalités. L’auteur tente de prendre à parti son public, il tente de le faire réagir, et cela, en employant des termes qui relèvent de la fonction expressive, c'est-à-dire en ayant recours à des termes subjectifs, propres à l’auteur. La fonction métalinguistique n’est pas non plus présente dans cet article. La fonction phatique n’est représentée que par 1,36% des termes du texte. Elle n’est caractérisée que par les titres et les sous-titres de l’article. Quant aux fonctions conative (8%) et poétique (8,82%) elles sont toutes deux proches. Tout au long de son article, le journaliste se pose des questions, et en les retranscrivant sur papier il les pose indirectement à son lectorat. Ce sont des questions rhétoriques, auxquelles l’auteur possède déjà ses propres réponses.

    Quant à l’article de Voici « Pour la France c’est un peu hard », on remarque que le pourcentage de la fonction référentielle (44,09%) et la fonction expressive (47,79%) sont quasiment égales. Cet article informe tout en donnant son propre point de vue. Nous avons, ici, affaire à un autre cas de figure. La fonction poétique (2,47%) ainsi que la fonction phatique (2,64%) sont toutes deux relativement proches. La fonction phatique n’est présente que dans les titres et les sous-titres. La fonction poétique n’apparaît qu’une seule et unique fois dans l’arrangement originale de certains termes « niaiserie abyssale », « momie desséchée ». Quant à la fonction conative elle représente 9% du texte, et n’intervient que dans certaines questions que se pose l’auteur. « Chiche ? » apparaît comme une provocation. Les questions de Voici posées à Renaud Doucet, le rédacteur du magazine Hard N’Heavy, relèvent également de cette fonction.

    En calculant la moyenne de chaque fonction, nous pouvons remarquer que c’est la fonction expressive la plus utilisée (45,26%), suivit de peu avec la fonction référentielle (40,29%). Cela prouve à quel point il a été difficile pour les trois auteurs de rédiger un article informatif concernant cette victoire plutôt inattendue. Un sujet, tel que le heavy metal, « ne laisse pas insensible », que ce soit dans le bon ou le mauvais côté. La fonction métalinguistique n’apparaît dans aucun des trois textes, et les trois autres fonctions restent très faiblement utilisées : la fonction phatique (2,46%), comme nous l’avons vu est essentiellement utilisé dans les titres, les sous-titres, les interjections ; la fonction conative (5,6%) se concentre sur les questions posées aux lecteurs, sur les dialogues simulés, sur les questions réponses et la fonction poétique (7,93%) intervient exclusivement dans le choix original de certains mots, des tournures de phrases et des styles.


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  • Légende

    La fonction référentielle ou dénotative

    La fonction référentielle ou dénotative

    La fonction expressive ou émotive

    La fonction expressive ou émotive

    La fonction conative ou incitative

    La fonction conative ou incitative

    La fonction phatique

    La fonction phatique

    La fonction métalinguistique

    La fonction métalinguistique

    La fonction poétique


    Article 1 : Le Figaro


    « Eurovision : les Finlandais de Lordi, nouveaux «monstres» de la chanson »

     «Un groupe de rock déguisé en monstres remporte l'Eurovision. C'est la victoire du rock et de l'ouverture d'esprit. C'est aussi la preuve qu'il n'y a pas que la pop et les ballades», a déclaré au cours d'une conférence de presse le chanteur et leader de «Mr Lordi». C’est donc son groupe de heavy-metal, les Finlandais de Lordi qui a remporté la grande messe télévisuelle qu’est l’Eurovision dans la nuit de samedi à dimanche. Ils l'ont emporté sur les artistes de 23 autres pays réunis dans un stade de 18.500 places en banlieue nord d'Athènes. La Française Virginie Pouchin, une quasi-inconnue, figure en revanche dans les profondeurs du classement avec seulement 4 points pour sa chanson «Il était temps», écrite par le chanteur Corneille. Les monstres, eux, ont totalisé 292 points. Grimés en créatures de film d'épouvante, avec cornes, dents acérées et griffes au bout des doigts, vêtus d'armures ou de bandage, les cinq membres du groupe ont donné sur scène une prestation grand-guignol servie par une débauche d'effets pyrotechniques. «Des ailes dans mon dos/Des cornes sur ma tête/Mes crochets sont acérés/Et mes yeux sont rouges (...) Maintenant choisis de nous rejoindre/Ou vas tout droit en enfer», proclame leur titre «Hard rock alléluia». Satanisme Leur présence à l'Eurovision avait heurté des petits groupes conservateurs grecs qui avaient réclamé leur retrait de la compétition au motif qu'ils «cultivent et justifient le satanisme et sapent les fondements de la culture européenne et grecque». En vain. Les membres de Lordi viennent de la minorité lapone de Finlande. Leur chanteur au sens de l'autodérision affirmé, avait déclaré avant la compétition: «Nous sommes à l'Eurovision un peu comme des mangeurs de viande dans un café végétarien». C'est la première fois que la Finlande remporte cette compétition, suivie par des dizaines de millions de fans en Europe. Elle gagne ainsi le droit de l'organiser l'année prochaine. Comme toujours à l'Eurovision, la politique s'est également invitée au concours : la Serbie Monténégro, qui devait participer à la compétition, n'a finalement pas envoyé de candidat, les deux entités serbe et monténégrine n'ayant pu s'accorder sur sa nationalité. Le Monténégro votera dimanche pour savoir s'il devient indépendant ou reste dans une union avec la Serbie.

    15/10/2007 | Mise à jour : 19 : 45 |

     

    Article 2 : Marianne


    LA FRANCE OUTRAGEE, LA FRANCE HUMILEE … MAIS C’ETAIT, HELAS, MERITE ! 

     

    Une belle baffe comme Obélix les aime. Sauf que, cette fois, c’est Astérix qui l’a reçu en pleine poire. Enfin, quand on dit Astérix … Une seule certitude, les Français se souviendront longtemps de la finale 2006 de l’Eurovision où la « chanteuse » qui portait leurs couleurs à fini 22e sur 24.

    Tout avait pourtant commencé comme un joli conte de fée : l’irrésistible ascension de la blonde Virginie Pouchain, chargée de représenter la France et choisie par des milliers de téléspectateurs et un « jury d’artistes de talent », dixit France 3. La chanson est signée Corneille (la mode, ces temps-ci, est davantage aux corbeaux mais la mode est volatile). La « jolie ballade » devait être particulièrement aboutie, puisque l’impétrant à dû revoir sa copie.

      Arrive le soir tant attendu. L’événement est retransmis en direct d’Athènes. Les commentaires sont assurés par Michel Drucker et Claude Siar, qui donneront très vite le ton de leur prestation : « Sur le service public, on aime la culture, d’ailleurs, ce matin, nous avons visité l’Acropole ». On sait bien qu’il faut donner des gages de bons élèves à la nouvelle direction de France 2-France 3 mais, enfin, de là à confondre l’Eurovision avec l’émission « Des racines et des ailes » …

      Vingt et une heure, le moment tant attendu. Trop attendu, hélas. La blanche colombe fait un couac. Virginie Pouchain est-ce l’émotion ? chante faux et, qui plus est, un texte d’une niaiserie rare sur une musique d’aérogare. Qu’importe : dans une envolée lyrique digne des plus belles années de l’ORTE, nos deux compères lui tressent des lauriers. Siar se surprend même à rêver que l’interprète – le terme « chanteuse » paraît, en l’espèce, vraiment trop emphatique – finisse dans les cinq premières « pour clouer le bec aux détracteurs de Corneille et de Pascal Sevran ». Ce dernier n’en demandait pas tant.

      L’épreuve au sens littéral du terme terminée, les groupes représentant les autres nations se suivent et souvent se ressemblent. Nos deux acolytes croient relever le côté Shakira d’Une telle ou Beyoncé de telle autre – toujours cette manie de la comparaison et de l’uniformisation : ils fustigent la volonté d’innovation, jugée présomptueuse, des Lituaniens de LT United, au look proche de Madness et qui scandent d’une manière désinvolte : « We are the Winners … Of The Eurovision ». Du second degré pas évident pour tout le monde, mais plutôt efficace, puisque le groupe arrivera 6e !

      Mais ils n’ont encore rien vu : le groupe finlandais de light-metal Lordi fait son entrée en scène avec sa chanson Hard Rock Alleluia. Grimés en monstres de film d’horreur, les cinq membres du groupe chantent – juste, eux – sur une débauche d’effets pyrotechniques, assumant sans honte leur côté grand guignol, entre Kiss et les créatures de Tolkien. Moins Marylin Manson que Rocky Horror Picture Show …

      Michel Drucker et son acolyte sont atterrés. Propulsés d’un coup dans le fauteuil des deux petits vieux du « Muppet Show » et soucieux de caresser dans le sens du poil le téléspectateur cible de la chaîne, ils tranchent, avec la tranquille assurance d’un Alain Duhamel parlant de Ségolène Royal : « La Finlande n’a jamais gagné l’Eurovision. Eh bien, c’est pas avec ça qu’elle va gagner ! ».

      Las. La majorité des téléspectateurs de l’Eurovision donnent le maximum de points au groupe finlandais, après quoi la géopolitique reprend le dessus. Chypre vote pour la Grèce et la Grèce pour Chypre. La Moldavie écartelée se partage entre la Russie et la Roumanie. La Pologne, entre l’Ukraine et la Russie : on n’est jamais trop prudent. Les pays baltes élisent les autres Pays Baltes et les pays de l’Europe du Nord plébiscitent la Scandinavie. C’est curieux. Plus l’Europe des fédéralistes avance, plus elle ressemble au Saint Empire romain germanique. Vivement l’indépendance de la Voïvodine pour que le Monténégro nouveau lui accorde ses suffrages. De quoi conforter, en tout cas, Alain Finkierlkraut dans son amour des petites nations. A quand la Bordurie votant pour la Sylvadie et la Sylvadie soutenant la Bordurie ?

      Et la France, direz-vous ? En gardant à l’esprit la médiocrité de la prestation et la nullité des commentaires, on se surprend à espérer un zéro pointé pour notre représentante. Nous n’aurons même pas cette satisfaction puisque l’Arménie (en reconnaissance de la proposition de loi – rétorquée – sur le génocide ?) et … Monaco voleront à notre secours. Au passage on notera la « trahison » d’Andorre – le pays sanctionne-t-il, ici aussi, l’inaction de son coprince ? – qui donnera son quota de point à l’Espagne.

      Résignés face à la victoire – tout de même un peu trop inéluctable – des Finlandais, avec 292 points, nos commentateurs n’en mènent pas large. Drucker conclura ce samedi noir (vivement dimanche !) de manière imparable, frappé d’un éclair de clairvoyance : « je crois que nous ne sommes probablement plus dans le coup ! ».

    Habitude, lassitude

    Plus dans le coup, en effet, si tous ceux qui ont présidé à cette Berezina poursuivent leur mot d’ordre : ne surtout pas se remettre en question. Continuer chaque année à envoyer la même chanteuse, la même ballade lénifiante badigeonnée à la sauce variété internationale. Pas de rap, pas de slam, pas de R’nB, pas de rock, surtout pas de musique polyphonique, pour ne pas réveiller la France qui dort, pas de ces musiques de sauvages. Pas d’humour non plus, pas de texte qui ne se regarde pas le nombril. On n’est pas là pour conquérir 150 millions de téléspectateurs mais pour … Oui pour quoi au fait ? On ne sait même plus. Un peu par habitude, beaucoup par lassitude, surtout pour ne pas désespérer les 5 millions et demi de téléspectateurs français fidèles à ce rendez vous et les parts de marché qui vont avec. Eh bien, cette fois, c’est raté.

      Les initiateurs de ce splendide fiasco ne s’y seraient pas pris autrement que, décidément, la France est ringarde, frileuse et grincheuse. Une bien mauvaise action. Mais peut-être est-ce, après tout, sincèrement l’image qu’une partie de nos élites se font du goût populaire. Pourquoi voudrions-nous quelque chose d’imprévisible, d’original, de hors du commun, de nouveau ? Faut-il leur rappeler que l’on peut être authentique sans se caricaturer soi-même ? Et que l’on ne vienne pas nous dire que cette nouveauté-là ne se trouve que dans les standards uniformisés, pré mâchés, prédigérés par les grandes majors de l’industrie du disque. Lorsque Jeunet revisite, caméra au poing, un Paris à la Georges Perec, n’est-il pas plus innovant que toutes les daubes françaises de la vieille vague complaisamment présentées à Cannes ? Eh oui, le monde d’Amélie Poulain n’est pas de l’univers de Virginie Pouchain. Voilà pourquoi la cuisante leçon de l’Eurovision n’est pas anecdotique. L’image franchouillarde, fadasse et pleurnicharde que nous avons montrée à cette occasion est aussi à l’œuvre dans la francophonie et, plus largement, dans la manière dont nous présentons la culture française du monde. 


    Article 3 : Voici


    POUR LA FRANCE C’EST UN PEU HARD

    Pourvu qu’il n’ait pas entendu les critiques de Michel Drucker à son égard. Ça le ferait fondre en larmes. Et son armure serait toute rouillée …

    Soudain Virginie Pouchain a un doute ? Et si le public n’accrochait pas ? Elle aurait dû suivre son instinct : ce décolleté était beaucoup trop osé ![1]

    BONJOUR LES BARBARES

    Renaud Doucet, rédacteur en chef du magazine Hard n’Heavy, nous présente Lordi, le vainqueur de l’Eurovision 2006.

    Voici – Dites-nous en plus sur Lordi

    R.D. – Ce groupe, fondé en 1982, est influencé par Kiss (le chanteur Lordi est président du fan-club finlandais de Kiss). Tomi Putaaneuu (son vrai nom), 32 ans, était responsable d’effets spéciaux pour le cinéma et s’occupe des costumes et du maquillage. Musicalement, Lordi joue du hard rock assez classique …

    Voici – Ce groupe de hard rock est-il crédible dans le milieu du metal ?

    R.D. – Plutôt controversé. Certains adorent, d’autres dénigrent le côté commercial et grand guignol.

    Voici - Qu’avez-vous pensé de leur victoire à l’Eurovision ?

    R.D. – Que le heavy metal soit à l’honneur est extraordinaire : c’est la victoire de l’ouverture d’esprit. Soulignons que Lordi n’est ni sataniste ni extrémiste.

     

    Lorsque Lordi est monté sur scène, les présentateurs français ont bien ricané. Quelques minutes plus tard, ils pleuraient. Mais plus de rire …

    Les participants, officiels et journalistes, présents samedi 20 mai à Athènes, n’en croient pas leurs yeux et surtout leurs oreilles. Porté par les suffrages du public, Lordi, un groupe de hard rock finlandais caricatural dont les musiciens sont déguisés en barbares, enlève haut la main l’édition 2006 du concours Eurovision de la chanson. Oubliée dans un coin, Virginie Pouchain la représentante française, compte sur les doigts d’une seule main le total des points qu’elle vient de récolter. Cinq ! Elle avait pourtant tout bien fait comme il faut. Sa chanson, Il était temps, une bluette composée sur mesure par Corneille, possédait tous les atouts pour séduire les habitués de l’événement : des paroles d’une niaiserie abyssale et des arrangements à faire pleurer une momie desséchée. En direct sur France 3, Michel Drucker et Claudy Siar, son comparse d’un soir en pleurait de rage (voir encadré). Sauf que depuis 1977 et la victoire de Marie Myriam avec l’Oiseau et l’Enfant, le monde a un peu changé et les chansons typiques de l’Eurovision, pompeuses, convenues et gentillettes, ne font plus recette. L’industrie du disque, engoncée dans des stéréotypes barbants, vient de prendre une claque monumentale. En public et par le public. Car pendant que les deux animateurs de France 3 dépassés par les événements (ou dépassés tout court ?) raillaient le groupe, les téléspectateurs français votaient et donnaient 8 points aux Finlandais ! Venu pour délirer et sans y croire, Lordi repart avec une victoire et l’impression d’avoir donné un bon coup de pied au train d’une institution obsolète. Hard rock, Alelujah! c’est le titre de leur chanson. Une belle devise …

    Les animateurs ont « allumé » Lordi

    « Eloignez les enfants du poste, ils vont faire des cauchemars ». C’est ainsi, que Michel Drucker, présentateur de la soirée sur France 3, accueille l’entrée en scène de Lordi. Claudy Siar (animateur radio sur RF1) qui l’accompagne prophétise juste après la prestation : « Ce n’est pas cette fois que la Finlande gagnera ». Sous le choc au moment des résultats, les compères ne rendent pas les armes : « Je vais faire écouter ça à ma chienne, elle va devenir dingue » déclare Drucker. « On ne soit plus être dans le coup » conclut-il. Siar ajoute « Prenons notre retraite, exilons nous ». Chiche ?



    [1] Commentaires des photographies illustrant le document.


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  • Jakobson a bénéficié, en 1963, de tous les travaux de Sharon et a ainsi reprit les modèles fondamentaux des théoriciens de l’information. Il propose, à travers un schéma, d’attribuer six fonctions différentes. Pour Jakobson la communication fait toujours intervenir ces six fonctions. Ainsi chacun des six facteurs de communication du théoricien donne naissance à une fonction linguistique différente. Six aspects fondamentaux apparaissent dans le langage, puisqu’il est difficile de trouver des messages qui rempliraient une fonction stricte.

    Elément de la communication                                                        Fonction du message

    <o:p> </o:p>

    Contexte                                                                                           Référentielle

    Destinateur                                                                                       Expressive

    Destinataire                                                                                      Conative

    Contact                                                                                             Phatique

    Code                                                                                                  Métalinguistique

    Message                                                                                            Poétique

     
     

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  • Termes

    Le Figaro

    Marianne

    Voici

    TOTAL

    Eurovision

    6

    5

    6

    17

    Lordi

    3

    2

    9

    14

    Hard Rock Alelujah

    1

    0

    1

    2

    Groupe

    3

    0

    4

    7

    Vainqueur

    0

    0

    1

    1

    Tomi Putaabuu

    0

    0

    1

    1

    Costumes

    0

    0

    1

    1

    Cinéma

    0

    0

    1

    1

    Maquillage

    0

    0

    1

    1

    Grand Guignol

    1

    1

    1

    3

    Commercial

    0

    0

    1

    1

    Heavy Metal

    1

    1

    2

    4

    Ouverture d’esprit

    1

    0

    1

    2

    Ni sataniste

    0

    0

    1

    1

    Ni extrémiste

    0

    0

    1

    1

    Virginie Pouchain

    1

    3

    3

    7

    Chansonnette

    0

    0

    1

    1

    Groupe finlandais

    2

    4

    2

    8

    Michel Drucker

    0

    3

    5

    8

    Scène

    1

    1

    2

    4

    Présentateurs français

    0

    1

    3

    4

    Créatures

    1

    0

    0

    1

    Dents acérés

    2

    0

    0

    2

    Griffes

    1

    0

    0

    1

    Ailes

    1

    0

    0

    1

    Cornes

    2

    0

    0

    2

    Yeux rouges

    1

    0

    0

    1

    Enfer

    1

    0

    0

    1

    Satanisme

    2

    0

    0

    2

    Compétition

    4

    0

    0

    4

    Humilié

    0

    1

    0

    1

    Préjugés

    0

    1

    0

    1

    Politique

    1

    1

    0

    2

    Concours

    2

    1

    0

    3

    France Ringarde

    0

    1

    0

    1

    Musiciens

    0

    0

    1

    1

    Haut la main

    0

    0

    1

    1

    Corneille

    1

    1

    1

    3

    Niaiserie

    0

    1

    1

    2

    France 3

    0

    2

    3

    5

    Claudy Siar

    0

    2

    4

    6

    Stéréotypes

    0

    0

    1

    1

    Cauchemars

    0

    0

    1

    1

    Prestation

    1

    2

    1

    4

    Finlande

    2

    0

    1

    3

    Monstres

    3

    1

    0

    4

    Rock

    2

    0

    0

    2

    Ballades

    1

    1

    0

    2

    Chanteur

    3

    0

    0

    3

    Leader

    1

    0

    0

    1

    M. Lordi

    1

    0

    0

    1

    Messe TV

    1

    0

    0

    1

    Artistes

    1

    0

    0

    1

    292 points

    1

    1

    0

    2

    4/5 points

    1

    0

    1

    2

    Graphiques concernant les occurences sémantiques de Lasswell



    Commentaire de l’analyse des occurrences sémantiques

    Sans surprise ce sont les deux termes « Eurovision » (17 fois) et « Lordi » (14 fois) les plus cités. Ce sont les deux termes clés qui nous permettent de comprendre assez rapidement le sujet des trois articles. D’après le graphique, c’est le magazine Voici qui accentue le plus sur le terme « Lordi » (9 fois), contrairement au Figaro (3 fois) et Marianne (2 fois). Quant à « Eurovision », les trois magazines l’énonce autant de fois (5 fois pour Marianne contre 6 fois pour Le Figaro et Voici).

    On remarque également que les trois revues empruntent les mêmes termes. Ainsi les trois courbes ne sont que rarement constantes, à part pour Voici qui utilise quelques termes plus spécifiques comme « Tomi Putaabu », « cinéma ». C’est d’ailleurs la seule revue qui énonce le nom du chanteur : M. Lordi, et qui y fait référence. Voici insiste beaucoup sur le groupe et sur sa prestation lors du concours : « maquillage », « costumes ».

    Voici, contrairement à Marianne, accentue plus sur Lordi. Dans la revue Marianne, Lordi n’est pas réellement le seul sujet de l’article. Suite au tableau, on remarque que Marianne s’oriente plus vers l’aspect politique du concours. La victoire de Lordi n’est en fait qu’un prétexte, pour critiquer le manque d’ouverture de la France, et l’exemple de Lordi est plutôt convainquant. Marianne est la seule revue qui ne fait pas une seule fois référence au titre de la chanson chantée par Lordi.

    Dans Le Figaro, et uniquement dans cet article, apparaît les champs lexicaux de l’enfer avec l’utilisation de termes comme « créatures », « dents acérés », « griffes », « ailes », « cornes », « yeux rouges », « enfer », « satanisme », « messe TV ». Mais la plupart des termes cités proviennent de la chanson Hard Rock Hallelujah du groupe.

    Seule la revue Marianne déclare ouvertement que la « France est ringarde ». Les autres revues ne font que des sous-entendus, mais ils ne s’empêchent tout de même pas de qualifier la chanson chantée par Virginie Pouchain de niaiserie.

    Le Figaro est le seul à insister sur l’aspect concours et compétitif de l’Eurovision.

    Les deux présentateurs regroupent à eux seuls 18 termes, sous trois termes différents : « présentateurs français » (4 fois), « Claude Siar » (6 fois) et « Michel Drucker » (8 fois).

    « Michel Drucker » (8 fois) et « Virginie Pouchain » (7 fois) sont les deux termes qui reviennent le plus après « Eurovision » et « Lordi ». Le Figaro ne fait pas allusion aux deux présentateurs du concours. Mais tous les termes se rapportant à Virginie Pouchain sont négatifs voire péjoratifs : « chansonnette », « humilié », « France ringarde », « haut la main », « Corneille », « niaiserie », « ballade ».

    « Haut la main » montre bien que la France était dépassé par les événements. Lordi a tout de même gagné « haut la main » le concours avec 292 points contrairement à la France avec 4 misérables points.

    Par contre la majorité des termes concernant Lordi, sont positifs : « heavy metal », « ouverture d’esprit », « ni sataniste », « ni extrémiste », « préjugés », « stéréotypes », « prestation ». On remarque que la plupart des termes se rapportent à la scène et à la prestation : « groupe », « groupe finlandais », « musiciens », « scène ». Mais certains termes restent plutôt péjoratifs comme « Grand guignol » (énoncé une fois par toutes les revues), « commercial », « politique », « cauchemar », « monstres ».

    Mais dans l’ensemble Lordi est vue d’une manière positive.

    Lordi


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